Tomas Alfredson, un espoir venu du froid


Il était encore inconnu il y a quatre ans en dehors de la Suède,  mais Tomas Alfredson appartient pourtant à une nouvelle génération de réalisateurs qui parvient à créer des œuvres grand public de qualité. Né en 1965, il ne vient pas de nulle part pour autant puisque son propre père, Hasse Alfredson, est acteur et réalisateur. L’homme étant très pris, Tomas se voit élevé surtout par sa mère, mais côtoie avec son père le monde du cinéma, dans lequel il décide de travailler. 



Premières armes

Après un parcours universitaire assez classique, Tomas Alfredson débute à la télévision dans un département de divertissement. Parmi ses premiers succès, le jeune Tomas réussit à adapter l’émission Fort Boyard. Il met en scène dans les années 1990 un premier long métrage tiré d’une réalisation pour la télévision, Bert, adaptation d’un roman adolescent populaire qui reçoit un très bon accueil et des récompenses. Au début des années 2000, Alfredson rejoint un groupe de comédies (Killinggänget) et tente un deuxième essai avec Screwed In Tallinn. En 2004, sa troisième réalisation, Four Shades of Brown, est un chassé-croisé de quatre histoires traitées sur un ton de comédie noire. Tomas Alfredson reçoit des prix pour ce film et voit sa réputation nationale renforcée. L’auteur de Let the Right One In, John Ajvide Lindqvist, a d’ailleurs apprécié Four Shades of Brown, ce qui le décide à confier l’adaptation de son livre à Tomas Alfredson.



Morse et son remake

Contacté par son ami producteur au sujet d’une adaptation du livre Let the right one in, Alfredson accepte après lecture de travailler sur la réalisation. Sa rencontre avec Lindqvist, qui tient à participer au scénario, va renforcer sa vision du film. Fort de son expérience, mais d’ordinaire tourné vers l’humour noir et peu au fait du genre vampire, Tomas Alfredson signe une œuvre suffisamment convaincante pour enthousiasmer les festivals internationaux (à l’exception de Berlin qui refuse le film) et donner au cinéaste une réputation internationale. La Hammer acquiert les droits d’adaptation pour un remake du film, ce qui attriste Alfredson - qui décline l’offre de le réaliser. La Hammer convainc un temps l’auteur Lindqvist d’œuvrer sur le film, expliquant qu’il s’agira d’une nouvelle adaptation du roman. Hélas la réalisation confiée à Matt Reeves n’est finalement qu’un simple remake du premier film.



La Taupe

Tomas Alfredson a envie de changements et profite de sa réputation naissante pour chercher une production internationale. Le succès de Morse favorise ses vœux puisque Working Title Films production va lui proposer de travailler sur un projet initié par Peter Morgan, scénariste entre autres choses de The Queen ou de Frost/Nixon, une adaptation d’un roman de John Le Carré. Tomas Alfredson réalise pour la première fois un film en langue anglaise avec un casting international (Gary Oldman, Colin Firth, John Hurt). Avec Tinker Tailor Soldier Spy (La Taupe en version française), Tomas Alfredson trouve un récit lui permettant de développer une mise en scène élégante et maîtrisée qui évite les facilités narratives. Selectionné à Venise, nommé aux British Independent Films Awards, le film est plutôt bien accueilli par la critique et le public, renforçant à nouveau sa réputation mondiale. Le film La Taupe sort en France le 8 février 2012.

En quelques années, Tomas Alfredson a rejoint le cercle des réalisateurs suédois de réputation internationale. Il faut simplement espérer que les paillettes hollywoodiennes ne terniront pas son talent de metteur en scène qui pourrait encore offrir quelques œuvres marquantes à l’avenir. 

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