Lady Vengeance : Approche du film


Lady Vengeance, dégoût et des couleurs


Lady Vengeance, troisième opus de la trilogie sur la vengeance, se révèle à chaque lecture d’une profusion et d’une jouissance dans la mise en scène incroyable. Le film conclut ce violent cycle, après Sympathy for Mr. Vengeance et Old Boy, en condensant et dépassant ce que Park Chan-wook avait pu mettre en place dans les deux précédentes histoires.

D’entrée de jeu, le ton est installé sans fioriture. Passé un joli générique mêlant sinuosités du corps, de plantes vénéneuses et l’onctuosité d’une pâtisserie, le tout nappé d’une couleur rouge sans équivoque véritable, le film débute sur la sortie de prison de Lee Geum-ja, l’héroïne (interprétée par Lee Yeong-ae, déjà présente dans Joint Security Area). Un groupe de choristes en habits de Noël l’attend patiemment, parlant d’elle comme de la « détenue au grand cœur ». Le chœur entame une chanson heureuse tandis que Lee Geum-ja s’avance déterminée, regard caméra, vers le groupe. Le chef de la chorale se détache des autres pour offrir un gâteau au tofu, signe de pureté, le regard visiblement plein d’espoir et d’émotion, qu’un flashback et une voix off nous confirment. On y aperçoit quelques bribes du passé, la transformation de cette jeune femme à la fois fragile et ravageuse. Le retour à la scène initiale rompt ce climat presque joyeux. Lee Geum-ja fait tomber volontairement le gâteau par terre et poursuit sa route sous les regards horrifiés de la chorale tandis qu’elle lance un serein et narquois « Allez tous vous faire voir ».



Cette première scène détonante contient tous les éléments du film, comme un puzzle que la narration va venir remettre dans l’ordre. L’humour, la violence, l’onirisme et un certain encadrement social sont d’emblée présents.  Qui est vraiment Lee Geum-ja ? Que cherche-t-elle ? Ce n’est qu’au terme du long métrage que la réponse deviendra claire, tandis que le portrait tortueux de la jeune femme se dessine, entouré d’une galerie de personnages bien prononcés. Comme toujours chez Park Chan-wook, la dimension politico-sociale vient uniquement servir l’histoire, jamais l’inverse. On trouvera donc bien certains éléments comme la prison, la pédophilie, la lutte des classes, la place de la femme dans la société qui participent d’une radiographie de la Corée du Sud, mais cela n’est jamais le but premier. Pour Park, il s’agit d’abord d’inspecter la genèse d’une vengeance, les hésitations, l’expiation autant que la construction machiavélique d’un plan.

La structure en puzzle, amplifiée par la multiplication des points de vue et des récits, sert à donner un rythme à la narration. Ce procédé de construction en puzzle avait déjà été employé depuis Joint Security Area (où la jeune militaire interrogeait diverses personnes pour tenter d’élucider le mystère autour d’une fusillade) ou même dans Old Boy. Ce plaisir du puzzle donne des moyens assez grands en termes de scénario, mais aussi permet d’associer le spectateur à l’enquête. La figure même du puzzle apparaît dans le film, lorsque Lee Geum-ja rassemble les morceaux d’un schéma devant servir à construire un revolver particulier. Là où le puzzle servait l’affaire, il ne compte dans Lady Vengeance que pour dresser le portrait de la jeune femme et de son plan, davantage que pour cerner le véritable méchant de l’histoire. En cela, Park Chan-wook évolue dans la construction de ses récits.



La femme est centrale dans le cinéma de Park Chan-wook, notamment dans Lady Vengeance. Tour à tour manipulatrice, victime, rédemptrice ou simple observatrice, elle ne cesse d’accompagner le récit. L’incursion dans le milieu carcéral avec sa galerie de détenues permet à Park Chan-wook de diffuser progressivement les facettes de Lee Geum-ja. Les retournements dans la psyché du personnage sont fascinants, puisqu’il dévoile la tension qui naît dans l’esprit de la jeune vengeresse, désireuse autant de corriger son passé que de construire son avenir.  La femme est souvent affiliée à la question de la maternité ou de l’enfant dans l’œuvre de Park Chan-wook. Dans Lady Vengeance, les deux aspects se retrouvent puisque la jeune femme récupère sa fille, doit affronter le deuil des autres parents et ne trouve un salut que dans l’amour maternel qu’elle développe.

Le développement de Lee Geum-ja évoque une autre dimension thématique du cinéma de Park Chan-wook. La mutation des êtres est souvent au cœur de ses films. Dans Old Boy, un violent choc transforme peu à peu le protagoniste, tout comme dans Thirst, la maladie vampirique change à jamais les deux héros et bouleverse l’environnement des autres personnages. Dans Lady Vengeance, le choc initial tient de l’arrestation de Lee Geum-ja et des horribles évènements qui y sont affiliés. L’héroïne devient un être en apparence froid, jouant des illusions jusqu’au nouveau choc des retrouvailles avec sa propre fille qui transforme à nouveau la femme en lui redonnant une humanité. Il s’agit à chaque fois de réconcilier le trauma et les évènements extérieurs, selon chaque film la résolution se solde par un échec tragique ou par une rédemption.



La violence des intérêts personnels entraîne souvent des chocs impressionnants dans le cinéma de Park Chan-wook. Dans Lady Vengeance, la violence est multiple, à la fois sournoise et brutale, mais un constat d’échec se laisse entrevoir lorsque la vengeance et la violence paraissent incapables de résoudre le vide de l’absence ou de remplacer la justice. A travers sa trilogie, Park Chan-wook aura exploré diverses phases de la vengeance, de la pulsion vengeresse à la riposte froide et calculée. Avec Lady Vengeance, les représailles trouvent un entre-deux que la conclusion dépasse.

Pour contrer la rudesse de cette violence immanente, Park emploie depuis l’origine de longues séquences oniriques qui viennent sublimer les séquences de réalisme plus crues. Qu’il s’agisse de rêves doux (assez rares), d’expériences sensorielles irréelles ou de fantasmes voraces (tel Lee Geum-ja trimbalant son persécuteur dans la neige), l’onirisme est partie prenante de l’évolution du récit. Il permet à la fois de contrebalancer le rythme de l’intrigue et d’apporter des espaces libératoires pour la tension. Cet onirisme se retrouve par exemple dans la version director’s cut de Lady Vengeance. Park Chan-wook y fait le choix de tourner les dernières scènes en noir et blanc, partant de couleurs vives à des couleurs plus ternes au fur et à mesure que Lee Geum-ja se rapproche de sa vengeance. Lorsque les parents se retrouvent après leur vengeance, les seules couleurs présentes sont celles de leurs porte-clefs, souvenir de leurs enfants perdus, comme un reste de vie qui les accompagnera par la suite. L’onirisme est ainsi une manière pour Park Chan-wook de se répandre dans des mises en scènes flamboyantes où chaque élément prend une dimension particulière.



Le dégoût de la vengeance et de la violence est nuancé tout au long de Lady Vengeance de deux façons. D’un côté, les couleurs chatoyantes, une imagerie iconique parfois kitsch, viennent adoucir le début du récit avant que la transformation du personnage, ses hésitations, son humanité affleurant s’affichent de façon plus sereine dans l’image, avec moins d’effets visuels pour laisser davantage de place aux protagonistes.

En concluant sa trilogie avec Lady Vengeance, Park Chan-wook choisit consciemment de donner à sa réflexion sur la vengeance une touche plus humaniste, plus positive que dans les précédentes œuvres, signe d’une évolution et d’une maturité. A chaque lecture, Lady Vengeance se dérobe pour mieux se dévoiler, témoignage d’une vraie passion pour le cinéma, ample et intimiste. 



Park Chan-wook : le fou, la brute et le savant


Horizon du cinéma coréen


Le cinéma coréen a connu une histoire en dents de scie et une évolution assez tardive. Dès les débuts du cinéma, la Corée découvre cet art nouveau. Les premières projections publiques ont lieu à partir de 1903 et il faut attendre les années 1920 pour que les premiers films soient réalisés en Corée, dont Arirang de Na Un-kyu, réalisé en 1926 et considéré comme l’une des œuvres maîtresses de cette époque. La séparation de la Corée, la guerre puis l’occupation américaine changent la donne. La confrontation à une nouvelle culture accélère chez certains le goût du cinéma. Kim Ki-young, qui deviendra par la suite l’un des grands cinéastes coréens, fait ses premières armes durant la guerre en tournant des documentaires avec du matériel américain avant de se lancer dans une vraie carrière de cinéma. Le pays étant dirigé jusque dans les années 1980 par deux pouvoirs autoritaires, dont la seule pause se profile entre 1960 et 1961 (entre la fin du règne de Syngman Rhee et l’arrivée de Pak Chung-hee), époque où Kim Ki-young tourne La Servante, son œuvre la plus célèbre, la même année qu’Aimless Bullet de Yoo Hyeon-mok, c’est réellement avec les années 1980 que la Corée du Sud prend davantage de libertés et que de nouveaux cinéastes émergent. Ce bref historique permet de comprendre l’explosion qui a eu lieu à partir des années 1990 et qui a révélé dans les années 2000 une vague de réalisateurs coréens reconnus internationalement.

La servante, de Kim Ki-young
Au cinéma le 11 juillet 2012

Park Chan-wook appartient à cette génération de cinéastes apparus dans les années 1990, nourris de cinéma américain et des quelques œuvres coréennes existantes (Kim Ki-young ayant notamment eu une forte influence sur le réalisateur). Son cinéma se développe progressivement pour atteindre un style à la fois grand public et personnel.

Les premières armes 


Le jeune Chan-wook, né en 1963, se lance dans des études de philosophie (notamment sur la question de l'esthétique) qui le déçoivent rapidement par leur aspect trop académique. Après son diplôme, alors qu’il n’a qu’une expérience très réduite de la réalisation, le jeune homme intègre l’équipe de production du film Ggam-dong, de Yu Young-jin. Poursuivant la construction de sa culture cinéphilique, Park Chan-wook apprécie Hitchcock, Nicholas Ray, les réalisateurs hongkongais ou encore Sam Raimi. L’homme décide de passer le cap et se lance dans la réalisation en 1992 avec un premier métrage qui fera référence à tous les cinéastes qu’il estime. The Moon is the Sun’s Dream s’avère un essai formel plus qu’une vraie réussite filmique. Après ce premier échec, Park Chan-wook ne tournera plus durant cinq ans. Son goût pour le cinéma ne connaît aucune défection cependant et il rédige durant cette période un livre de chroniques autour du cinéma, intitulé Vidéodrome : The Discrete Charm of Watching Films. Explorant autant les films à gros budgets (on y trouve un article sur Alien 3) que des œuvres plus confidentielles, le livre devient un succès auprès des cinéphiles et donne l’opportunité à Park de se faire une première réputation. Il décide alors d’entamer un deuxième film, Threesome (en 1997). Cette comédie d’action sous forme de road movie reçoit un très mauvais accueil de la part de la critique qui y voit à nouveau un objet de cinéphile trop référencé et parodique. Cette fois-ci le cinéaste ne se démonte pas et commence un nouveau métrage pour renforcer son style personnel. En résulte Trial, film noir très formel qui servira de prélude aux prochaines œuvres du réalisateur. Pour l’heure, Park Chan-wook demeure un inconnu, à l’exception de quelques aficionados coréens. Nourri de ses échecs, il travaille sur des productions et des scénarios pour d'autres longs-métrages, ce qui lui offre l'opportunité d'améliorer sa connaissance du métier. 

Moon is the sun's dream


Threesome

De son premier succès à la trilogie sur la Vengeance


En 2000, l’homme se voit confier la réalisation du film Joint Security Area, sorte de thriller militaire débutant par une fusillade à la frontière entre Nord et Sud. Complexe, alternant enquête et flashbacks dans une trame labyrinthique, JSA laisse présager à la fois l’importance formelle qu’apporte Park à ses films ainsi que son attention à la direction d’acteurs. Dès JSA, un personnage féminin tient un des rôles centraux, annonçant un élément clef de sa filmographie. Joint Security Area devient à sa sortie l’un des plus gros succès de l’histoire du cinéma coréen, avec plus de 6 millions d'entrées, dépassant le succès de l'année précédente Shiri, de Kang Je-gyu. L’aspect film d’action mêlé à un fond historique et politique enthousiasme le public et la critique, propulsant Park Chan-wook parmi les figures à suivre.

Joint Security Area

Devenu d’une certaine manière un cinéaste culte et commercialement attractif, le Coréen se lance dans une nouvelle réalisation, Sympathy for Mr. Vengeance (2002). Les effusions formelles sont encore nombreuses, mais plus matures que par le passé. Le récit d’une prise d’otage et d’une vengeance qui tournent mal, d’une noirceur et d’un réalisme exacerbé, dérangent autant qu’ils passionnent. Le goût pour le hors-norme et une certaine grandiloquence se renforcent à cette époque.

Sympathy for Mister Vengeance

Old Boy, synthèse entre le thriller labyrinthique à la Joint Security Area et le récit de vengeance abrupte façon Sympathy for Mr. Vengeance, sort en 2003. Récit tortueux, mise en scène très soulignée, goût pour l’extrême, Old Boy est sélectionné à Cannes et reçoit le Grand Prix, décerné par Quentin Tarantino. Le film connaît un vif retentissement, notamment pour la fameuse scène où le personnage dévore un poulpe vivant devant la caméra. Ce mélange entre onirisme fantasmagorique et réalisme accru passionne certains et rebute les autres.


Old Boy

Tandis qu’il prépare déjà la suite de ce qui va devenir la Trilogie de la Vengeance, Chan-wook participe au tournage de 3 Extrêmes (2004) en concoctant l’un des court-métrages. Entouré de Takeshi Miike (dernièrement Death of Samourai et For Love’s Sake, tous deux sélectionnés à Cannées en 2011 et 2012) et de Fruit Chan (Nouvelle Cuisine), Park Chan-wook s’engouffre dans un récit à la fois horrifique et humoristique. Cut conte la façon dont un réalisateur à succès se voit aux prises avec un fou qui le force à tuer un enfant sous peine sinon de couper un à un les doigts de sa femme. Outre la violence sanguinolente et le foisonnement visuel, on trouve déjà quelques attraits pour le film de vampire (qui occupe par la suite une grande place dans la carrière du cinéaste).



Pour conclure sa trilogie, après un premier film autour d’un jeune couple, d’un deuxième portant sur un homme, Park Chan-wook réalise en 2005 Lady Vengeance (ou Sympathy for Lady Vengeance) s’intéressant cette fois-ci à la femme (et mère). Lady Vengeance ne connaît hélas pas le retentissement d’Olé Boy malgré une présentation au Festival de Venise. Pourtant, cette œuvre parvient à unir son humour personnel, parfois très noir, un lyrisme onirique qui va continuer de croître, une violence glaçante et son goût pour l’émotion forte. La noirceur de cette dernière œuvre abordant de front le thème de la vengeance pousse l’auteur à se tourner vers de nouveaux horizons.

Lady Vengeance

Les nouvelles facettes de Park Chan-wook


En 2006, Park Chan-wook signe I’m a cyborg but that’s ok. On songe à Vol au-dessus d’un nid de coucou sans la dimension politique de ce dernier. Le cinéaste y suit une jeune femme internée dans un hôpital psychiatrique pour s’être prise pour un cyborg. Personnages haut en couleurs, romance autant que comédie noire, I’m a cyborg but that’s ok est en partie un ovni qui manque parfois un peu de rythme et d’ampleur, mais dont l’univers et la mise en scène demeurent séduisants. Le film connaît à l’international un accueil plus mitigé que les précédents opus. Son changement de ton et d’univers déconcertent certains, mais permettent à Park Chan-wook de prendre du recul par rapport à son propre travail.


I'm a cyborg but that's ok

Il revient en 2009 avec sans doute son film le plus abouti : Thirst, en compétition officielle à Cannes en 2009, qui reçoit le prix du jury. Thirst est à la fois une révision du mythe du vampire et de Thérèse Raquin, l’un des chefs d’œuvre d’Emile Zola. Sa virtuosité atteint des sommets, bien que certains jugent sa mise en scène trop appuyée. Le film est ambitieux, rythmé, implacable. Riche de sens et d’explorations narratives, Thirst est une pierre angulaire dans la filmographie de Park Chan-wook en condensant ce qui faisait la force de ses autres films. 


Thirst

Depuis ce dernier long métrage qui connut un beau succès critique et public, Park Chan-wook n’a réalisé qu’un moyen métrage tourné avec un iPhone, Paranmanjang en 2011. Moins réussi sur le plan narratif, ce film s’apparente à un défi de réalisateur, libératoire et amoureux du cinéma, pour explorer les possibilités des nouveaux outils technologiques. L’essai est réussi, même si Paranmanjang (Des hauts et des bas) demeure un film expérimental non dénué de poésie et confirmant le talent du cinéaste capable, avec des moyens limités, de construire des mises en scène sublimes.



Loin de se retirer du monde, Park Chan-wook travaille aux Etats-Unis, pour la première fois, à une nouvelle adaptation du mythe de Dracula intitulé Stoker. Le film devrait être terminé pour 2012 et comptera au casting Nicole Kidman, Matthew Goode, Alden Ehrenreich ou encore Mia Wasikowska.  Il devrait ensuite se lancer dans un nouveau projet, l’adaptation du film de Costa-Gavras Le Couperet, intitulé The Ax.



Fort d’un cinéma prestigieux et reconnu, Park Chan-wook tisse une œuvre à la fois flamboyante, exubérante, vibrante et sensible. Certaines thématiques s’étendent d’un film à l’autre, tels la violence, la figure féminine, le monstre, le rêve, la construction identitaire tout en s’efforçant d’évoluer à chaque nouvel opus. Et c’est bien parce qu’il est capable à la fois de se perdre dans des extrêmes à la limite du grotesque, d’oser casser les rythmes et les habitudes sans jamais perdre de vue le spectateur, tout en construisant des films rendant hommage à ses références, que Park Chan-wook parvient à harmoniser en lui les casquettes du fou, de la brute et du savant, rendant sa filmographie envoûtante et remarquable.

En une vingtaine d’années, Park Chan-wook est devenu l’une des figures de proue de la nouvelle génération coréenne, aux côtés d’autres grands cinéastes comme Bong Joon-ho, Kim Ki-duk, Im Sang-soo, Hong Sang-soo ou Lee Chang-dong. L’avenir lui offrira sans doute la possibilité d’assagir son style pour acquérir une maturité lui permettant de nous éblouir encore sans se perdre dans sa propre toile. 

Pour aller plus loin : 

Korean Film Directors Series, Park Chan Wook, 2006


Vodkaster: http://www.vodkaster.com/actu-cine/Park-Chan-Wook-The-Ax-Costa-Gavras-Le-Couperet-2290

Vidéo :



Moon is the sun’s dream : http://www.youtube.com/watch?v=jZfk_wUWTXw


Joint Security Area (2000) : http://www.youtube.com/watch?v=TjzwuuJG0cQ

Sympathy for Mr. Vengeance (2002) : http://www.youtube.com/watch?v=4FyK2KFjAyI

Old Boy (2003) : http://www.youtube.com/watch?v=QOmFSTQNfS8




I’m a cyborg but that’s ok (2006) : http://www.youtube.com/watch?v=il3ZmlrjYDg