Eric Judor et Ramzy Bédia : Electrons libres du divertissement français
Eric et Ramzy forment un duo d’humoristes à part dans le paysage français. A l’exception de quelques enfants dans le dos (Il reste du jambon ? pour Ramzy et la série Platane pour Eric) et de quelques égarements, les deux compères ont principalement construit une carrière à deux, une unité à laquelle ils continuent de revenir près de vingt ans après leurs débuts.
Les mots - Hyperbole
Au milieu des années 1990, ils se rencontrent, se découvrent et commencent à officier sur scène dans de petits spectacles comiques. Rapidement, la sauce prend et le duo débarque sur les ondes radios (Nova, Fun Radio). S’ils parviennent progressivement à se faire une réputation, c’est avec leur arrivée loufoque sur M6 que les deux larrons sont révélés au grand public. Les Mots d’Eric et Ramzy, cette courte séquence où le duo tentait d’expliquer un mot du dictionnaire, devient une référence. Fraîcheur, candeur, je-m’en-foutisme, dérapage plus ou moins contrôlé donnent à ce couple une tonalité burlesque qui séduit. Les deux s’emploient à jouer les gamins, les idiots pas méchants. Les Mots est un succès qui leur permet, tout comme les spectacles qu’ils poursuivent à côté, de construire des rôles et des caractères que l’on retrouvera dans une bonne partie de leurs films. Avec la série H (71 épisodes diffusés de 1998 à 2002), Eric et Ramzy confirment aux côte de Jamel Debbouze leur carrure de nouvelle figure du comique bébête et jouissif. Ils se permettent à peu près tout, déclenchent le bordel partout où ils passent sans jamais s’attaquer à personne ni chercher à élaborer un discours politico-social
trop marqué.
trop marqué.
Série H
La Tour Montparnasse infernale, sorti en 2001, n’est pas leur première apparition au cinéma (ils avaient déjà joué dans Le Ciel, les oiseaux et...ta mère !), mais le film marque leur premier rôle à succès. Dégommant tous les clichés du genre, s’amusant autant avec Die Hard que La Tour infernale, le film cartonne et tout le monde s’engouffre dans la faille Eric et Ramzy. Un peu trop vite peut-être car les projets suivants s’avèrent assez fades. L’année 2004 voit ainsi sortir Double Zéro puis Les Dalton, deux films dont le duo déplorera les choix de mise en scène. Réalisateur de la parodie d’espionnage Double Zéro, Gérard Pirès ne rentre pas dans le délire absurde d’Eric et Ramzy et ignore leurs envies d'improvisation en se contentant de coller au scénario avec sérieux. De même, si les Dalton est imaginé par le duo comme un hommage amoureux aux poussiéreux westerns spaghetti, Eric et Ramzy se retrouvent à leur grande surprise dans des décors de dessin animé. Il faut dire que le duo souhaitait au départ confier la réalisation à Michel Hazanavicius, mais que la production lui a préféré Philippe Haïm, réalisateur malheureusement peu doué pour la comédie.
BA Tour Montparnasse Infernale
BA Double Zéro
Après ces fâcheuses expériences, quelques apparitions cinématographiques occupent Eric et Ramzy parallèlement à leurs spectacles. C’est le temps de Il était une fois dans l’Oued, Barfuss (pour Eric) ou Bled Number One (pour Ramzy). Nous arrivons alors en 2007, où sort sur les écrans français un ovni improbable parlant de chirurgie esthétique, de bandes de lycéens et de tueur en série qui s’ignore. Steak croise l’univers incongru du musicien Quentin Dupieux et la douce folie d’Eric et Ramzy. Le film réussit avec maestria à redéfinir les ressorts comiques du duo en travaillant sur la possibilité de leur séparation et sur la cruelle solitude qu'elle implique. Sorti sur 450 copies, le film n’attire que modérément le public (moins de 300 000 entrées) et déconcerte certains fans du duo. Steak constitue pourtant un tournant dans la carrière cinématographique des deux comédiens. Après cela , tout est permis : Eric et Ramzy participent à la création de la série animée Moot-moot, tout aussi décalée que le reste de leur travail, puis se lancent ensemble dans la réalisation d’un premier long métrage.
BA Steak
Extrait Moot-Moot
Ils sont grands, ils sont indépendants et ils signent en 2008 Seuls Two, où un flic et un voyou se poursuivent dans un Paris désert. Le résultat surprend et convainc une partie de la critique, autant que du public. Mais à force de prendre de la bouteille, il fallait bien que les deux joyeux drilles empruntent des chemins séparés. Ramzy joue dans différents films avec des rôles plus mûrs comme dans le film de sa compagne Anne de Petrini, Il reste du Jambon ? (dans lequel son partenaire fait tout de même une apparition), Eric se lance dans la création d’une série pour Canal +, Platane, sorte d’univers parallèle où un Eric Judor de fiction tente de réaliser un long métrage ("La Môme 2.0") après avoir subi un accident. La série reçoit les honneurs d’une presse très élogieuse et du public, ce qui permet à Eric Judor d’attaquer une saison deux. Mais, pour paraphraser Les Bronzés 3, Eric et Ramzy sont « amis pour la vie » et n’oublient pas de revenir aux sources quand nécessaire. Avant Platane, le duo a ainsi incarné de gentils flics inadaptés sociaux avec Halal police d’Etat, sorti en février 2011. Encore plus idiot et improbable que les précédents films, ce remake satirique de la série Hawaï police d’Etat n’est pas dépourvu d’un arrière-fond politique avec les questions de l’immigration et du rapport à l’Algérie. Tout libérateur qu’il soit, le film ne réitère pas le box-office de Seuls Two, laissant présager une attente plus critique autour des prochains longs métrages du duo.
Extrait Seuls Two
Extrait Platane
BA Hallal Police d'Etat
Alors qu’Eric apparaîtra en juin 2012 dans le nouveau film de Quentin Dupieux, Wrong, et met en boîte la saison 2 de Platane, Ramzy poursuit des rôles divers dans plusieurs films dont le prochain Olivier Dahan, Les Seigneurs. Jamais en reste, Eric et Ramzy prépareraient un nouveau projet cinématographique réalisé par leurs soins. Au vu de leur parcours ces dernières années, la tonalité de ce long métrage reste difficile à imaginer, pouvant partir aussi bien dans le grand n’importe-quoi que révéler une nouvelle facette de leur humour.
BA Wrong
Il n’est jamais facile de tracer sa propre route lorsqu’on naît artistiquement en duo. D’autres y sont parvenus, d’Omar Sy (d'Omar et Fred) ou de Kad Merad (de Kad et Olivier), avec à la clé un César pour chacun d’entre eux, mais cela nécessite souvent de casser une certaine image au risque de perdre ce qui fait l’essence du couple. Pour l’heure, Eric et Ramzy sont parvenus à rester Eric&Ramzy, un monstre à deux têtes, tout en expérimentant d’autres parcelles de leur métier. Alors, en attendant H sur grand écran, Halal police d’Etat en série télé ou encore le grand retour des Mots sur M6, tant de projets auquel personne n’a visiblement pensé, il est possible de revoir leurs films pour comprendre qu’il n’est jamais facile de faire marrer les gens durant près de vingt ans.
Sitographie et sources :
Télérama, Eric sans Ramzy : http://television.telerama.fr/television/eric-sans-ramzy,72657.php
Site officiel : http://www.ericetramzy.com/
Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Éric_et_Ramzy
Site de fan : http://www.ericetramzy.fr/category/story/