Maiwenn

De son vrai nom Le Besco, Maiween est née en 1976, d’une mère journaliste et comédienne et d’un père breton guitariste classique. Issue d’une famille nombreuse comptant 4 enfants, dont Isild Le Besco, Maiwenn passe sa jeunesse dans un petit appartement à Belleville où  l’intimité n’est pas toujours préservée…

Dès sa naissance, sa mère décide de faire d’elle une star et la pousse à courir les castings, à se tenir droite, « les seins en avant », à porter des mini-jupes, à sortir le soir tout en pratiquant l’équitation, la danse et à suivre des cours d’anglais… Et surtout à présenter tous les concours possibles : de l’Opéra de Paris au Conservatoire… Sans préparation, ultra maquillée, poussée à tout tenter, Maïwenn suit les fortes directives de sa mère, sans réelle passion ni envie. Elle témoignera de cette période dans son premier Court-Métrage, I am an actrice  (2001), histoire d’une jeune adolescente mal dans sa peau, qui ne rêve que de s’occuper de chevaux, forcée par une mère exubérante et provocante à courir les castings, non préparée et ainsi à connaître l’humiliation… Maïwenn y incarne le rôle de la mère aux côtés de sa propre fille.

La jeunesse de Maïwenn est donc marquée par cette forte présence et ascendance maternelle et par la brutalité de son père, dont elle témoignera dans son premier long-métrage Pardonnez-moi, en 2006.

Elle débute sa carrière d’actrice en 1981. En 1983, elle obtient le rôle d’Isabelle Adjani enfant dans L’été meurtrier (Jean Becker) puis enchaînera les films et téléfilms (L'état de grâce de Jacques Rouffio ;  Cinématon no 994 de Gérard Courant – L'autre nuit de Jean-Pierre Limosin – La famille Ramdam de Christiane Lehérissey – Lacenaire de Francis Girod) jusqu’en 1991, avec son premier rôle principal dans La gamine de Hervé Palud avec Johnny Hallyday. Cette même année, à l’occasion de la remise du César de la meilleure actrice pour Anne Parillaud dans Nikita, elle rencontre Luc Besson.


Agée alors de 16 ans, elle décide de suivre Luc Besson à Beverly Hills, de mettre sa carrière en stand by (surtout de ne plus « faire » l’actrice…) et donne naissance à une fille, Shanna Besson.

En 1994, elle revient finalement au Cinéma sous les traits de la Diva Plavalaguna dans « Le cinquième élément ». Luc Besson et elle se sépareront peu après la fin de la production.

De retour en France à la fin des années 90, elle relance sa carrière d’actrice au début des années 2000 en jouant entre autre dans le film de Alexandre Aja  Haute tension, et les films de Claude Lelouch  Les Parisiens et Le courage d’aimer. En parallèle, dès 2001, elle débute son travail d’écriture et de réalisation, avec son court métrage I am an actrice et la pièce de théâtre Le pois chiche en 2003, où elle incarne les différents personnages qui ont bercé son enfance à Belleville. Ce sera un véritable succès critique et public et lancera Maïwenn dans le développement et la réalisation de son premier long métrage Pardonnez-moi, sorti en 2006, que nous vous proposons de découvrir dans le cadre de notre Ciné-Club.



Remarquée par la force et sensibilité de son cinéma à la première personne, elle revient deux ans plus tard, en 2008, avec Le bal des actrices, entre documentaire et fiction, onirisme et  dénonciation. Maïwenn, se met encore une fois en scène, dans son « propre » rôle de réalisatrice voulant rendre compte des difficultés et solitudes d’une actrice : entre l’oubli, les castings ratés, la perte de vocation, la vieillesse, ou les challenges pour rester au top… Marina Fois, Karine Viard, Charlotte Rampling, Romane Boringer, Estelle Lefebure, Jeanne Balibar, actrices dans la « vraie » vie, acceptent d’incarner leur rôle dans des situations inventées (ou pas ?) par notre réalisatrice…

Cette année, sort son troisième long métrage Polisse, où là encore, le procédé cinématographique chatouille nos frontières et puise dans les thématiques de la violence et l’enfance (elle y incarne une photographe qui, à l’occasion d’un reportage, se retrouve en observation au sein de la brigade des mineurs), et connaît la reconnaissance de ses pairs avec l’obtention du Prix Spécial du Jury du Festival de Cannes 2011.

Parler de Maïwenn sans évoquer ses influences ne saurait être un portrait complet ! Nous avons déjà évoqué ses propres expériences comme moteur de sa création. En effet, sur sa vie et ses rencontres, elle semble porter un regard qui est un doux mélange entre brutalité et onirisme. Il s’agirait de sa recette pour rendre le réel sensible et touchant. On ne peut alors s’empêcher de penser à Pialat qui avec un humour froid et tendre a pu s’intéresser aux mêmes sujets que notre réalisatrice. D’ailleurs, au moment de Pardonnez-moi, les critiques ont tout de suite fait le lien avec A nos amours. Sur la page inspirations de son site internet (http://www.maiwenn.com/inspirations.html) existe une catégorie Monsieur Pialat dans laquelle figure le film du réalisateur Police (1985). Remarqué à l’époque par sa nouveauté de thème et de traitement : pour la première fois un réalisateur s’efforçait de retracer avec réalisme la vie d’une brigade des stups. Pour la première fois aussi un réalisateur s’était fait accepter dans ce milieu en observateur. L’écho avec le troisième long-métrage de Maïwenn, Polisse, actuellement sur les écrans, est très donc très fort.

Avec trois longs-métrages, Maïwenn a su imposer un univers qu’elle renouvelle à chaque fois avec intelligence (entre voyeurisme du réalisateur et exhibitionnisme de l’acteur). Elle met, et se met, en scène en puisant sans cesse dans son passé, ses expériences, ses croyances. Elle nous a surtout démontré ce qu’elle affirme dans Pardonnez-moi, comme un manifeste : « La seule question que se pose l’autobiographie dans le cinéma c’est : «Peut-on faire du cinéma qui intéresse tout le monde avec des histoires qui ne regardent que soi et ses proches?» Je répondrais spontanément que les histoires personnelles sont les histoires de tout le monde donc oui.». 

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